Prendre soin de notre maison commune avec biogaz et herbe Napier
Le changement climatique a des effets positifs et négatifs sur l’agriculture en ce sens qu’il peut augmenter les rendements des cultures dans certains endroits tout en décimant d’autres, mais les effets négatifs ont surpassé les impacts positifs à ce jour. Déjà, le Groupe de recherche du CGIAR sur les changements climatiques, l’agriculture et la sécurité alimentaire estime que les changements climatiques ont réduit les rendements mondiaux du blé de 5,5 % et du maïs de 3,8 %. D’ici 2090, le CCAFS prévoit que le changement climatique se traduira par une perte de 8 % à 24 % de la production calorique mondiale totale du maïs, du soja, du blé, du riz. Lorsque ces baisses de productivité se produisent variera. Par exemple, l’Afrique subsaharienne sera particulièrement touchée; on estime que dans toute l’Afrique, les rendements du maïs diminueront de 5 % et les rendements du blé de 17 % avant 2050.
Toutefois, les systèmes agricoles commerciaux modernes ne sont pas sans faute, car l’agriculture est un facteur majeur du changement climatique, générant actuellement de 19 à 20 % des émissions totales de gaz à effet de serre (GES), selon le CCAFS. En vue de l’intégration du développement agricole, de la réactivité au climat et de l’entretien général de notre foyer commun, les fermes catholiques gérées par l’Église en Afrique déploient les principes de l’agriculture intelligente pour le climat (ASC) définis par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture. L’ASC offre une approche intégrée de la gestion des paysages naturels visant à maintenir et à accroître durablement la productivité alimentaire, à adapter l’agriculture au changement climatique et à réduire les émissions. Missio Invest promeut l’utilisation durable des ressources foncières et investit dans des fermes appartenant à l’Église et gérées qui appliquent des pratiques agricoles intelligentes pour le climat et agissent comme des sites de démonstration pour diffuser de telles technologies.
Le Séminaire senior St. Matthias Mulumba, un theologate national de l’ouest du Kenya avec 30 acres de terres arables, a obtenu un prêt de 38 000 $ de Missio Invest en 2015 pour améliorer ses activités agricoles. Actuellement, le séminaire pratique l’agriculture intégrée avec 15 acres de maïs, huit acres de thé, et sept acres d’arbres et de prairies, ainsi qu’une unité laitière et porcine. La ferme recycle les déchets animaux pour améliorer la fertilité du sol, les pâturages et les prairies produisant des aliments essentiels pour le bétail. La productivité du maïs a doublé, passant de 10 sacs à 20 sacs par acre grâce à l’amélioration de la fertilisation et du cycle des nutriments.
Les déchets de bétail sont également mis au travail pour produire du biogaz, qui est utilisé comme un substitut pour le bois de chauffage dans la cuisine au séminaire. Le biogaz prend un méthane problématique présent dans la décomposition des déchets et le convertit en dioxyde de carbone, un gaz beaucoup plus sûr. Le méthane a environ 20 à 30 fois les capacités de piégeage de la chaleur du dioxyde de carbone.Les boues biologiques riches en nutriments du digesteur de biogaz sont utilisées pour fertiliser et irriguer l’herbe Napier, une herbe tropicale vivace avec de faibles besoins en eau et en nutriments. L’herbe napier nourrit les vaches laitières et est utilisée pour contrôler l’érosion du sol. Il est également précieux dans la lutte antiparasitaire, car il attire des insectes comme les papillons de nuit du maïs, réduisant ainsi le besoin d’insecticides. La production laitière à St. Matthias Mulumba est passée de 40 litres à 100 litres par jour. Le séminaire a également installé un système solaire de chauffage de l’eau et planté sept acres d’arbres.
Un autre exemple est une ferme de pois de jardin exploitée par les Petites Sœurs de Saint François, également au Kenya. Les sœurs ont obtenu un prêt de 100 000 $ de Missio Invest en 2018 et ont installé un système d’irrigation au goutte-à-goutte à énergie solaire de cinq acres. Le système a aidé la ferme à utiliser et à conserver plus efficacement l’eau. Parce qu’il limite la croissance des mauvaises herbes, il a permis de réduire l’utilisation d’herbicides, qui peuvent être toxiques pour les organismes vivant dans le sol et transporter des polluants vers les rivières voisines. Les Sœurs ont planté 2 700 arbres en route vers la création d’une ferme biodynamique.
Les fermes gérées par l’Église comme celles-ci visent à prendre soin de la terre et de ses créatures tout en apportant des pratiques agricoles résilientes aux communautés qu’elles desservent.